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Article de G. Opely Gadgji
Enseignant en Mathématiques

L'AFRIQUE ET LA DÉMOCRATIE
D'innombrables textes ont été écrits, et continuent de l'être, sur la démocratie en Afrique. Nous avons choisi de participer à cette discussion en l'abordant sous le volet de la liberté car nous prétendons qu'il ne faut pas confondre dans un même mouvement liberté et démocratie.
L'Afrique, dans sa quête patiente et soutenue de sa liberté, a besoin de la démocratie, qui reste ici un des principaux outils de celle-ci : la liberté d'aller et venir, la liberté d'écrire, la liberté de parler, la liberté de manger et de boire, la liberté de penser, une conscience libre. Peut-on y parvenir sans la démocratie ? C'est impensable.
La démocratie devient une condition nécessaire mais nettement insuffisante à notre sens. Les pays à technologie avancée, dits pays développés sont là pour illustrer notre propos. Il paraît évident que les nations comme les U.S.A, l'Angleterre, la France, pour ne se limiter qu'aux plus représentatives, qui sont des modèles achevés de démocratie, n'ont pas construit un citoyen libre.
Une machette mal tenue peut blesser grièvement celui qui l'utilise.
L'outil démocratie mal exploité peut tuer la liberté.
Et c'est là que l'Afrique et les africains se voient dévolus un rôle primordial devant l'histoire : aider la démocratie à bâtir la liberté. Celle des africains, celle de l'Afrique, donc celle de l'humanité.
Ce rôle, les intellectuels africains ne le perçoivent pas assez ou feignent de l'ignorer. L'africain a démontré ses capacités à intégrer et à dominer la culture occidentale. La culture scientifique, partie d'Afrique, développée et amplifiée en Occident a été de nouveau maîtrisée par des africains. Dans un apport occidental, l'Afrique doit donc pouvoir faire le tri. Nul ne l'oblige à ingurgiter sans réagir les us et coutumes d'un Occident déshumanisé. L'Afrique a ses coutumes, se traditions, et le débat sur la démocratie doit être éclairée à partir de celles-ci.L'Arbre à palabres, la place du village ont été des lieux privilégiés pour l'oxygénation de la société à travers des échanges, des débats d'une rare intensité.
Une fois les diplômes acquis, les intellectuels doivent sortir leur nez des livres, éviter de passer leur temps à citer les Voltaire, Rousseau, Platon, Marx dans des débats abstraits et stériles.
La démocratie a été prise en otage en Occident par les intellectuels ou plus généralement par ceux " qui ont longtemps appris sue les bacs de l'école " pour utiliser une expression populaire d'Afrique. L'Afrique doit permettre à la démocratie d'ouvrir le chemin à le liberté, celle de tous les enfants.
Mais les élites africaines ne peuvent dignement assumer cette responsabilité qu'à deux conditions :
- tuer le complexe d'infériorité vis-à-vis d'un Occident par rapport auquel elles n'ont jamais su ou pu prendre du recul. Elles peuvent toujours porter des costumes trois pièces par 40° à l'ombre, fouler aux pieds sous le ridicule prétexte du modernisme, les valeurs de la société qui les a vu naître, sui les a nourri de son sein maternel, elle ne seront jamais des blancs. La seule petite chance qui leur reste c'est de redevenir, si elles en ont la volonté et l'intelligence des africains. Dans le pire des cas, ces élites vont reproduire, à grande échelle, les méfaits du modèle occidental.
- comprendre que l'Afrique c'est aussi et surtout le cultivateur, le berger, la ménagère qui vend de l'allaco et u maïs au bord de la route, ces nombreux jeunes qui vivent de dérisoires petits métiers, ou sans activité, errent dans les villes.Combien de conférence dites nationales se sont déroulées au début de cette décennie dans des huit-clos entre hommes femmes ayant passées l'essentiel de leur temps à citer Marx, Lénine , Mao et autres dépositaires ou supposées tels de pensées universelles !
Combien de premières élections pluralistes n'ont donné lieu qu'à des joutes oratoires entres des membres du club fermé des élites, cherchant dans les débats, le petit mot, la petit phrase qui tue, la petite expression qui peut faire se lever comme un seul homme, une meute d'individus sans repères, corrompus jusqu'à la moelle, prêts à soutenir un leader dont l'unique ambition est d'acquérir le pouvoir ou le garder pour des intérêts obscurs.
Combien de journaux n'ont passé leur temps qu'à se chamailler sur des futilités, fermant leurs titres à la multitude au nom de laquelle les uns et les autres prétendent se battre !
Si la démocratie doit être vécue en Afrique comme elle l'est en Occident, elle ne débouchera pas sur la liberté or, seule cette dernière peut aider au développement de ce continent qui nous est cher.
Les valeurs africaines peuvent constituer la sève nourricière à la construction d'un monde évolué.
À l'Afrique de ne pas trahir l'espoir de ceux, hélas nombreux qui sont laissés sur les bords du chemin de la dignité humaine.